Le Festival NGO’BU’ est un évènement socioculturel du peuple Baghog. Il réunit tous les fils et filles BAGHOG autour de leur culture « LE NGO’ BU’ ». Le Ngo’ pour le peuple Baghôg, est un élément fondamental sur lequel il se base pour créer un climat de paix et du vivre ensemble. Le terme « Ngo’ ») en langue française signifie «termites». Pour mieux appréhender le sens du terme, il importe de dire que les termites, parfois surnommés fourmis blanches, sont des in- sectes sociaux qui vivent au sein de colonies hiérarchisées et organisées en caste. Ils font preuve d’une grande intelligence collective. Cependant, le peuple Baghôg s’appuie sur l’ensemble de ces éléments, pour faire des termites, un met traditionnel et une danse traditionnelle, avec des pas assez particuliers et très spectaculaires accompagnés d’un rythme sonorisé, jamais exécuté ailleurs dans le monde.
Le festival Ngo’ BU’ se rend ainsi à sa toute première édition, et c’est Baghôg MFEGHA’ qui va accueillir celui-ci, du 11 au 13 juillet 2019 à l’esplanade de la chefferie supérieure. Le festival Ngo’ s’organise tous les 2 ans et de manière rotative dans les trois chefferies Baghôg. Il dure 3 jours. Le festival Ngo’ sera également une opportunité pour les originaires de Baghôg, de valoriser ou de vendre leur culture. Au final, le sentiment d’appartenance sera renforcé, la culture sera valorisée et les bénéfices économiques seront réalisés.
Bahouoc est l’un des treize villages du département du NDE, limité à l’Ouest et au Nord-Ouest par le village Bangangté, au Nord-Est et à l’Est par le village Balengou, au Sud Est par le village Bakong et enfin, à l’Est par le village Bangoulap. Son histoire comme celle de tous les peuples de l’Ouest Cameroun en général et celle du NDE en particulier est intiment liée à celle de son roi. Pour bien la saisir, on peut se situer sur un triple plan la fondation du royaume (1), son organisation sociale et spatiale (II), enfin son déclin(III). Fondation du royaume Bahouoc N’ n’attendez pas surtout qu’on vous donne une date précise attestant la fondation de ce royaume. Les quelques rares chercheurs qui se sont engagés dans la quête des origines de ce village se sont heurtés à la même difficulté ; celle d’établir avec certitude son origine. C’est pourquoi, une publication de l’Al- manach Nufi qui s’est intéressé à ce sujet s’est con- tentée du dire: on n’a aucune trace de l’origine de ce peuple ». Emmanuel Ghomsi dans sa thèse in- titulée Essai d’étude sur les Bamiléké de l’Ouest, de l’origine à 1920 corrobore ce point de vue – il écrit à ce propos : « les peuplements des plateaux sont constitués par quatre groupes […] le troisième groupe sans origine : les Bahouoc et Bakong »>, bien que l’origine du peuple Bakong soit connue. Comme on le dit très souvent, là où la science fait défaut, le mythe triomphe. C’est le cas du village Bahouoc où seul un mythe met en évidence et de manière très laconique ce que les chercheurs n’ont pu établir à savoir l’origine du peuple Bahouoc. Voici ce que le mythe de la fondation du royaume Bahouac dit en substance : « au commencement était Nfen Ha’cheu’ (l’homme qui ouvrit la voie). Il sortit de Ketountse (lac sacré) un Ngo nga (jour de réunion). Il apparut aux hommes en pleine réunion avec pour seul vêtement un cache sexe. Tout le corps était couvert d’une poudre blanche, des pieds aux cheveux. Il était accompagné par une poignée d’hommes. Les membres de la réunion, surpris par cette apparition soudaine lui posèrent deux questions: D’où venez-vous Monsieur ? Réponse: je suis sorti du lac tout prêt d’ici il y a trois jours.
Et qu’avez-vous mangé jusque-là ? Réponse : j’ai planté un bananier auprès de Ketountse qui a grandi, produit un régime, lequel a mûrit le même jour, c’est de ce fruit que nous nous sommes nourri jusqu’aujourd’hui. Les résidents, à l’entendre étaient tous stupéfaits. Ils murmurèrent entre eux en disant : cet homme-là doit être un envoyé de Dieu. Ils s’inclinèrent devant Ha’cheu’ qui aussitôt prit le pouvoir sans combattre. Ils l’aidèrent même à construire sa première case au même endroit, en contre-bas du lycée classique de Bangangté actuel >> Vous avez tous compris, la date de la fondation du royaume Bahouoc n’est pas connue. Le 1er roi s’appelait ha’cheu’. Il sortit de Ketountse, aujourd’hui lieu sacré des Bahouoc. Sa dynastie règne sur Bahouoc jusqu’à ce jour et compterait 12 générations. Sa majesté KEMAJOU Roger serait le 12é roi qui préside aux destinées de Bahouoc depuis 1984. A la lecture du mythe ci-dessus, les commentaires, certes sont libres, vos préoccupations doivent s’adresser au mythe et non à votre serviteur que je suis, puisqu’il est aussi dépourvu de réponses à vous donner. Organisation sociale et spatiale Ha’cheu’ est très certainement le 1er roi à s’être installé dans le NDE. Aucun des 12 rois venus après lui ne conteste son antériorité. Ils affirment d’ailleurs que Ha’cheu’ les a vu venir. Cette situation fait du peuple Bahouoc le peuple autochtone du NDE. C’est pourquoi on dit qu’il est l’histoire du NDE. L’organisation sociale des Bahouoc est à tout point de vue semblable à celle que l’on trouve dans les Grassfields. Ici, le roi partage son pouvoir avec différentes sociétés secrètes (Koumze) et les notables. Le roi est le propriétaire exclusif des terres conquis- es mais la gestion de ses terres incombe aux notables. Emmanuel Ghomsi dit fort opportunément à ce propos : « Malgré les pouvoirs incontestablement importants que détient le Fon, son autorité n’est pas arbitraire et illimitée. Il n’est en effet, que le porte-parole des organismes politiques et tradition- nelles que sont les sociétés coutumières. Toutes les décisions importantes sont prises en réunion. »
Au niveau de l’étendue du royaume Bahouoc, il faut dire qu’elle était immense, surtout à cette époque où on allait à pied. Quand les chercheurs parlent de TCHOUPLAN (Bamena) à Bagan-fokam, de Veun Nwa (Bangoua) à Fam Bwe (Bangangté), on est ici en face d’un cercle d’environ 20 km de rayon. Etant le 1er venu, le roi des Bahouoc s’était taillé la part du lion dans un espace vide, mais pas vacant. Pour l’administration d’un si vaste territoire, Ha’cheu’ avait besoin du concours de ses frères et même de ses fils. Le déclin du village Bahouoc. Avant 1911, le royaume Bahouoc, avait atteint son apogée. Sa richesse artistique et l’immensité de son territoire avaient fini par attirer la convoitise des nouveaux venus. 1911 marques précisément le déclin de ce peuple qui comptait, malgré les tribulations 7001 habitants, soit le troisième village le plus peuplé de l’arrondissement de Bangangté et le quatrième de tout le département du NDE. Ce chiffre est attesté par les chercheures suscitées. Les villages du NDE les plus peuplés de l’époque étaient Bangangté 21290 habitants, Bazou 10344 et Baugoulap 10133. Lorsqu’on sait qu’une population qui ne connait ni guerre, ni épidémie double tous les 25 ans, chacun peut faire ses calculs. Aujourd’hui Bahouoc compte à peine 1000 habitants (chiffre du dernier recensement de la population du Cameroun). Il occupe à peine une superficie de 20 km². Qu’est ce qui s’est donc passé ? Cette interrogation nous met au cœur du théâtre de l’histoire du peuple Bahouoc. Les études approfondies se pour- suivent. Dans le cadre d’un exposé comme celui-ci, exposé qui se veut liminaire, nous ne saurions aller vite en besogne pour tirer des conclusions hâtives et cela pour au moins deux raisons: les plaies infligées par cette histoire sont si béantes et si fraîches, malgré les années écoulées depuis 1911 qu’il ne serait pas prudent d’y retourner le couteau. D’autre part, le Cameroun est aujourd’hui plus que divisé pour que d’autres fronts s’ouvrent ailleurs. Nous restons convaincus qu’une étude approfondie et pourquoi pas doctorale sera à même de répondre à nos préoccupations.
Exposé préparé et présenté par M. KUIPET Jean Claude, Inspecteur Régional de Philosophie à la Délégation Régionale des Enseignement Secondaire pour l’Est à Bertoua. Tel : 677 46 10 81